Au chapitre XXI du 2e Livre de son Essai concernant l’entendement humain, intitulé « Du Pouvoir », Locke propose une critique radicale du libre arbitre (« free will ») dans son acception traditionnelle. Il s’agit du chapitre le plus long de l’Essai, et de l’un des plus difficiles, car Locke l’a retravaillé lors des quatre éditions successives, sans tout à fait se soucier de la cohérence entre les éléments présents dans la 1re édition et ses ajouts conceptuels ultérieurs. Mon but est de montrer qu’il existe bel et bien une cohérence dans l’approche lockienne de la liberté, en tant qu’elle articule une forme de « compatibilisme » – c’est-à-dire la position selon laquelle le libre arbitre et le déterminisme sont compatibles. Mais la position de Locke vacille entre une reconnaissance du déterminisme (selon la dimension hédoniste de son argument) et un retrait face à ce constat (selon ce qu’il appelle la « suspension du désir »). Cette indécision, ou en tout cas cette coexistence précaire de deux visions de l’action et de la motivation, sera critiquée par le disciple préféré de Locke, le déiste Anthony Collins, dans son Enquête philosophique sur la liberté humaine (1717). Je suggérerai en conclusion que Locke a défini un espace conceptuel dans lequel le déterminisme et la reconnaissance de la spécificité de l’univers mental peuvent coexister, mais que Collins en a tiré un système plus conséquent, fondé en grande partie sur l’idée de « clôture causale ».

Suspension du d'esir ou suspension du d'eterminisme~? Le compatibilisme de Locke

Charles T. Wolfe
2012-01-01

Abstract

Au chapitre XXI du 2e Livre de son Essai concernant l’entendement humain, intitulé « Du Pouvoir », Locke propose une critique radicale du libre arbitre (« free will ») dans son acception traditionnelle. Il s’agit du chapitre le plus long de l’Essai, et de l’un des plus difficiles, car Locke l’a retravaillé lors des quatre éditions successives, sans tout à fait se soucier de la cohérence entre les éléments présents dans la 1re édition et ses ajouts conceptuels ultérieurs. Mon but est de montrer qu’il existe bel et bien une cohérence dans l’approche lockienne de la liberté, en tant qu’elle articule une forme de « compatibilisme » – c’est-à-dire la position selon laquelle le libre arbitre et le déterminisme sont compatibles. Mais la position de Locke vacille entre une reconnaissance du déterminisme (selon la dimension hédoniste de son argument) et un retrait face à ce constat (selon ce qu’il appelle la « suspension du désir »). Cette indécision, ou en tout cas cette coexistence précaire de deux visions de l’action et de la motivation, sera critiquée par le disciple préféré de Locke, le déiste Anthony Collins, dans son Enquête philosophique sur la liberté humaine (1717). Je suggérerai en conclusion que Locke a défini un espace conceptuel dans lequel le déterminisme et la reconnaissance de la spécificité de l’univers mental peuvent coexister, mais que Collins en a tiré un système plus conséquent, fondé en grande partie sur l’idée de « clôture causale ».
2012
Le déterminisme entre sciences et philosophie
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